Adieu, cher lecteur. On s'est aimés comme on se quitte, sans doute, et tout le tralala mélodramatique. Je m'en vais. Je disparais. Et, avant de partir pour toujours, je vous invite à visiter ma nouvelle chaîne YouTube, où je déballerai des trucs entre deux séances maquillage.
Hé oui, l'heure est au contenu commandité de toutes sortes, alors que les entreprises, désireuses d'accroître leur présence en ligne, ne rechignent pas à embaucher des "créatifs", ou encore des "blogueurs tendances" pour que ceux-ci parlent de leurs produits, le tout moyennant salaire. C'est l'idée du siècle! D'un côté, vous avez un internaute qui fait la piastre en effectuant quelque chose qui lui plaît, que ce soit les jeux vidéo, le maquillage, la bouffe, les vêtements, etc. De l'autre, une entreprise qui peut se laver un peu plus les mains d'éventuelles allégations de conflits d'intérêts puisque la production du contenu repose sur les épaules dudit internaute.
Et qui n'aimerait pas recevoir des produits gratuits et se filmer alors que l'on les déballe ou qu'ils sont mis à l'essai? D'autant plus que pour plusieurs, l'affaire est fort lucrative. Seulement dans le domaine du jeu vidéo, certains YouTubeurs empochent littéralement des millions de dollars grâce aux publicités ou à un compte de sociofinancement à la Patreon. À quoi bon peiner 40 heures par semaine dans votre cubicule beige, à contempler le vide de votre existence, quand vous pouvez être assis dans votre salon et tirer sur des ennemis à longueur de journée, le tout pour un salaire tellement imposant qu'il en est ridicule? Et encore, ce n'est que la pointe de l'iceberg: on parle de jeux vidéo, de maquillage ou encore de vêtements, mais que dire de ceux qui gagnent leur vie en se filmant lorsqu'ils mangent?
Comment ne pas éprouver une certaine frustration - ou une frustration certaine - en apprenant qu'un jeune de 21 ans fait 12 000 $ par jour en vendant des couleurs et des motifs pour des armes à feu virtuelles dans le jeu Counter-Strike? Oui, il y avait une opportunité à saisir, mais tout cela est un peu ridicule, non? Remarquez, ça ne m'a pas empêché de m'adonner moi aussi à la pratique du blogue vidéo sur les jeux vidéo. If you can't beat'em, join'em, dit-on.
Voilà donc pourquoi je cesserai de me casser la tête à trouver des sujets de reportage fouillés et complexes, voilà pourquoi je n'irai plus couvrir d'événements en direct sur le terrain: à quoi bon se forcer, quand je pourrais vous montrer une vidéo de chats et attirer bien plus de lecteurs qu'en vous livrant un témoignage vibrant sur l'importance de la qualité de l'information?
Tenez, la voilà, votre vidéo de chats. Gâtez-vous:
Et pourtant... et pourtant, l'appel du devoir (ou Devoir, c'est selon) se fait sentir. L'idée de quelque chose de plus grand, dans le monde, qu'un idiot qui hurle dans son micro en jouant à League of Legends, à Call of Duty ou à Minecraft. Quelque chose d'essentiel qui mérite de se battre. Comme tous ces collègues qui, dans la foulée de l'affaire Taylor Swift v. Apple, se sont empressés d'affirmer haut et fort qu'il ne fallait pas céder aux sirènes des compagnies de pub et de communication et accepter de travailler gratuitement en échange de la visibilité. Eux qui, ironiquement, y sont parfois allés de billets de blogue rédigés de façon bénévole pour faire augmenter la visibilité de ce sujet.
Il faut se rendre à l'évidence: il n'y a (normalement) rien de facile dans la vie, surtout pas en journalisme. Journalisme sérieux, s'entend. Tout reporter moyennement moderne ouvrira, un jour ou l'autre, son propre blogue, ou lancera un projet web avec des amis dans la perspective éventuelle d'en retirer des revenus. Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose...
Bref, il est normal de pousser les hauts cris. C'est même fortement recommandé. Après tout, si personne ne se tient debout, le journalisme aura encore plus l'allure d'une chaîne YouTube remplie de vidéos aux trop nombreuses coupures et au contenu commandité. Mais si vous voyez une opportunité dans ce domaine aux contours plus flous, tentez votre chance. Vos ex-collègues vous détesteront, mais vous serez probablement trop occupés à nager dans un bassin rempli de billets de banque pour vous en rendre compte. Autre avantage, cela fera moins de concurrence pour ceux qui visent toujours à être des journalistes sérieux. Tout le monde est gagnant, donc.
Hé oui, l'heure est au contenu commandité de toutes sortes, alors que les entreprises, désireuses d'accroître leur présence en ligne, ne rechignent pas à embaucher des "créatifs", ou encore des "blogueurs tendances" pour que ceux-ci parlent de leurs produits, le tout moyennant salaire. C'est l'idée du siècle! D'un côté, vous avez un internaute qui fait la piastre en effectuant quelque chose qui lui plaît, que ce soit les jeux vidéo, le maquillage, la bouffe, les vêtements, etc. De l'autre, une entreprise qui peut se laver un peu plus les mains d'éventuelles allégations de conflits d'intérêts puisque la production du contenu repose sur les épaules dudit internaute.
Et qui n'aimerait pas recevoir des produits gratuits et se filmer alors que l'on les déballe ou qu'ils sont mis à l'essai? D'autant plus que pour plusieurs, l'affaire est fort lucrative. Seulement dans le domaine du jeu vidéo, certains YouTubeurs empochent littéralement des millions de dollars grâce aux publicités ou à un compte de sociofinancement à la Patreon. À quoi bon peiner 40 heures par semaine dans votre cubicule beige, à contempler le vide de votre existence, quand vous pouvez être assis dans votre salon et tirer sur des ennemis à longueur de journée, le tout pour un salaire tellement imposant qu'il en est ridicule? Et encore, ce n'est que la pointe de l'iceberg: on parle de jeux vidéo, de maquillage ou encore de vêtements, mais que dire de ceux qui gagnent leur vie en se filmant lorsqu'ils mangent?
Comment ne pas éprouver une certaine frustration - ou une frustration certaine - en apprenant qu'un jeune de 21 ans fait 12 000 $ par jour en vendant des couleurs et des motifs pour des armes à feu virtuelles dans le jeu Counter-Strike? Oui, il y avait une opportunité à saisir, mais tout cela est un peu ridicule, non? Remarquez, ça ne m'a pas empêché de m'adonner moi aussi à la pratique du blogue vidéo sur les jeux vidéo. If you can't beat'em, join'em, dit-on.
Voilà donc pourquoi je cesserai de me casser la tête à trouver des sujets de reportage fouillés et complexes, voilà pourquoi je n'irai plus couvrir d'événements en direct sur le terrain: à quoi bon se forcer, quand je pourrais vous montrer une vidéo de chats et attirer bien plus de lecteurs qu'en vous livrant un témoignage vibrant sur l'importance de la qualité de l'information?
Tenez, la voilà, votre vidéo de chats. Gâtez-vous:
Et pourtant... et pourtant, l'appel du devoir (ou Devoir, c'est selon) se fait sentir. L'idée de quelque chose de plus grand, dans le monde, qu'un idiot qui hurle dans son micro en jouant à League of Legends, à Call of Duty ou à Minecraft. Quelque chose d'essentiel qui mérite de se battre. Comme tous ces collègues qui, dans la foulée de l'affaire Taylor Swift v. Apple, se sont empressés d'affirmer haut et fort qu'il ne fallait pas céder aux sirènes des compagnies de pub et de communication et accepter de travailler gratuitement en échange de la visibilité. Eux qui, ironiquement, y sont parfois allés de billets de blogue rédigés de façon bénévole pour faire augmenter la visibilité de ce sujet.
Il faut se rendre à l'évidence: il n'y a (normalement) rien de facile dans la vie, surtout pas en journalisme. Journalisme sérieux, s'entend. Tout reporter moyennement moderne ouvrira, un jour ou l'autre, son propre blogue, ou lancera un projet web avec des amis dans la perspective éventuelle d'en retirer des revenus. Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose...
Bref, il est normal de pousser les hauts cris. C'est même fortement recommandé. Après tout, si personne ne se tient debout, le journalisme aura encore plus l'allure d'une chaîne YouTube remplie de vidéos aux trop nombreuses coupures et au contenu commandité. Mais si vous voyez une opportunité dans ce domaine aux contours plus flous, tentez votre chance. Vos ex-collègues vous détesteront, mais vous serez probablement trop occupés à nager dans un bassin rempli de billets de banque pour vous en rendre compte. Autre avantage, cela fera moins de concurrence pour ceux qui visent toujours à être des journalistes sérieux. Tout le monde est gagnant, donc.
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