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Souriez, votre journal vous surveille!

Nouvelle année, nouveaux kilos à perdre, mais surtout, nouvelles gaffes médiatiques. Ce qu'il y a de bien, avec un bêtisier, et surtout avec le monde des médias, c'est qu'il ne semble jamais manquer de matériel. C'est parti, donc, pour une année 2016. Plongeons allègrement dans le vif du sujet, comme on plonge dans des restants de tourtière.



Le Telegraph et la vie privée

Moment de stupéfaction, lundi, alors que BuzzFeed annonçait que le quotidien britannique The Telegraph avait installé de curieux petits boîtiers à chacun de ses postes de travail. L'utilité de ces gadgets? Vérifier si, en tout temps, les journalistes étaient à leur poste.

Les appareils employés, produits par une compagnie appelée OccupEye (la pognez-vous?), fourniraient une "analyse automatisée de l'utilisation des espaces de travail". Cela permettrait à la direction du journal d'avoir accès à un système qui est "ultrasensible, tout en étant ultrafiable lorsqu'il est question de suivre l'utilisation de l'espace de travail".

En est-on vraiment rendus là? Je veux dire, on sait que le Telegraph n'est certainement pas du côté gauche de l'échiquier politique, mais de là à surveiller constamment ses employés, il n'y a pas qu'un pas: il s'agit plutôt d'un aller simple pour Pékin, Pyongyang, ou encore l'une de ces dictatures à gogo qui fleurissent en Afrique ou au Moyen-Orient. On s'attendait à mieux de la part d'un journal installé en Grande-Bretagne. En même temps, cette Grande-Bretagne est aussi la patrie de George Orwell, compte un nombre effarant de caméras de surveillance, et le premier ministre David Cameron veut en finir avec le cryptage des données pour "faciliter la lutte au terrorisme". 1984, quand tu nous tiens... Un peu plus, et le Telegraph nous apprendra que la ration de chocolat a été augmentée à 30 grammes.

Heureusement, une correction apportée par BuzzFeed mentionne que le Telegraph a fait marche arrière. Mais le simple fait qu'on ait installé les appareils, surtout sans en parler aux employés, en dit long sur l'ambiance qui doit régner dans la salle de rédaction...

Toujours l'angle local!

Pour ceux qui ne le connaissent pas, le concept du mort kilométrique stipule qu'un accident ou un décès impliquant un petit nombre de personnes vivant à proximité des bureaux d'un journal ou d'un média attirera nécessairement davantage l'attention du public que des tragédies survenues dans des lieux éloignés. Cela explique pourquoi des catastrophes naturelles ou des attentats faisant des dizaines, voire des centaines de morts à l'étranger finissent par nous laisser indifférents.

En parallèle avec ce principe, l'idée de trouver un angle local à une nouvelle s'appuie sur une idée similaire. Cela peut cependant parfois mener à des absurdités. Comme cet article du Croydon Advertiser, publié lundi dans la foulée de la mort de David Bowie, qui annonce qu'un résident d'Old Coulson, un hameau du Surrey, en Angleterre, avait livré le lait à la légende de la musique, il y a de cela près de 50 ans. Plus local que ça, tu meurs...

Une petite vite pour finir

Terminons ce grand retour en beauté, avec un extrait d'article pour le moins étrange déniché par Steve Ladurantaye et republié sur Twitter:


Bien sûr, il s'agit d'un extrait choisi, et il ne fait aucun doute que La Presse Canadienne n'établit pas un lien direct entre l'appui aux troupes de Stephen Harper et les difficultés financières de Postmedia, mais l'affaire fait sourire malgré tout.

Ce qui fait moins sourire, c'est le fait que Postmedia semble perdre de l'argent depuis plusieurs années, et ce sans espoir de remontée des revenus. Les dirigeants dorment-ils au gaz? Une révision majeure du modèle d'affaires s'impose. Mais ça, c'est un sujet pour un autre billet...

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