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Mélanchon et le droit de pogner les nerfs

Événement un peu surréel en France, cette semaine, alors que Jean-Luc Mélanchon, ancien candidat à la présidentielle française, a "pété une coche", comme on dit en bon québécois, et s'en est pris vertement aux journalistes de la chaîne BFM qui s'indignaient des violences entourant l'annonce de la suppression de près de 3000 postes chez Air France.



Rappelons qu'à l'annonce de ces compressions au sein du transporteur aérien français, des employés en colère s'en sont physiquement pris aux dirigeants de l'entreprise. Les images de ces derniers fuyant la foule, chemise en lambeaux, ont fait le tour du monde. Alors que plusieurs médias ont profité de l'incident pour affirmer que cet éclat de violence nuirait à l'image de la France à l'étranger, et donc aux investissements essentiels alors que l'économie de l'Hexagone bat de l'aile depuis belle lurette, l'homme de gauche prenait position aux antipodes de cette attitude.



M. Mélanchon, donc, attendait les journalistes avec une brique et un fanal: non seulement, dit-il, le licenciement de tant de gens est-il lui aussi un "acte violent", mais les médias contribuent à la situation ambiante en affirmant que les véritables problèmes de la France tournent autour des musulmans, du niqab et de l'intégrisme, alors que "les chômeurs se suicident, doivent divorcer ou mettre leur vie en vente" lorsqu'ils se retrouvent sans gagne-pain.

Pire encore, le politicien se fait virer des ondes manu militari après avoir dit leurs quatre vérités aux journalistes qui l'interviewaient. Et comble de l'ironie, la première version de cet échange, diffusée sur YouTube, a par la suite été retirée du site web en raison d'une "violation de copyright" dénoncée par la chaîne. De là à penser que l'on veut cacher cette gaffe, il n'y a qu'un pas.

Au-delà de l'esbroufe, cependant, il fait bon de s'interroger sur les motivations des médias, surtout que nous sommes (encore) en période électorale. Le thème est connu, voire archiconnu, mais l'affaire du niqab, ou par exemple le cas de VirJiny Provost et sa réponse farfelue à une question en ligne poussent à se demander si le click bait l'emporte parfois sur la raison dans les salles de rédaction. Les politiciens ont un rôle majeur à jouer dans cette danse entre deux partenaires de longue date, bien sûr, mais rien n'empêche les représentants du "quatrième pouvoir" de mordre un peu moins fort, ou un peu moins souvent à l'hameçon. Que personne ne vienne déplorer le cynisme des électeurs, ensuite, si la couverture médiatique des élections se résume aux cérémonies de citoyenneté et à un téléphone cellulaire, un pénis et bien des chips.

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