Chose promise, chose due: après une longue tirade contre l'austérité, les mesures nuisibles envers les jeunes en information, mais aussi au sein de la société en général, et la tendance néfaste voulant que certains s'approvisionnent en bagels de chez Saint-Viateur plutôt que de chez Fairmount, voici quelques idées pour réformer le monde du journalisme québécois. Pour les bagels, malheureusement, je ne peux que vous montrer la voie à emprunter, païens que vous êtes.
Ce qu'il faut garder en tête, toutefois, c'est que ces solutions ne tiendront pas nécessairement compte des contraintes financières ou politiques des acteurs concernés, et n'auront cure de l'inertie actuelle des joueurs du milieu. En gros, vous l'aurez compris, c'est mon blogue, je fais un peu ce que je veux, et si vous n'êtes pas d'accord, je vous invite justement à entamer une discussion éclairante et intéressante dans les commentaires. Ça fera au moins changement du fait de prêcher dans le désert.
Vous êtes prêts? On part.
L'asphyxie nous guette: voilà pourquoi ces empires devraient être démantelés. À l'image même du député ayant suggéré que Pierre Karl Péladeau vende Québecor pour conserver Vidéotron alors qu'il est chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, le mélange entre médias et moyens de diffusion a entraîné la stratification de l'espace médiatique au Québec, et même dans l'ensemble du Canada. Allez-vous franchement faire la promotion de publications concurrentes à vos abonnés de votre division des télécommunications? Bien sûr que non: vous ferez comme Rogers, et vos vanterez vos magazines et offrant des rabais aux gens qui vous paient pour un service télé, cellulaire ou Internet. Personne n'a oublié les nombreuses Unes des JdeM et JdeQ sur Le Banquier ou La Voix. Le jupon dépasse, et cela en devient grossier.
Favorisons donc l'émergence de nouveaux joueurs en empêchant la naissance de ces monstres et en déconstruisant ceux qui existent déjà. De façon générale, ceux qui possèdent les moyens de distribution ne devraient pas superviser le contenu qui y circule.
Par ailleurs, la SRC est obligée par la loi d'offrir du contenu à l'ensemble des Canadiens, ce qui signifie, normalement, des moyens importants. Ces moyens qui, malheureusement, tendent à se réduire comme peau de chagrin depuis bientôt une vingtaine d'années. On coupe dans les budgets de fonctionnement, on met à la porte quantité de "jeunes" journalistes (parfois de vrais jeunes, mais aussi des journalistes plus âgés coincés dans des postes surnuméraires). Il faudrait que le gouvernement fédéral se rende compte que Radio-Canada est non seulement un exemple d'efficacité et d'honnêteté journalistique, mais surtout une vitrine exceptionnelle à l'étranger. Encore aujourd'hui, malgré les années de vaches maigres, la SRC/CBC est considérée comme l'un des grands médias de ce monde, avec le sérieux et le professionnalisme que cela suppose.
Bien sûr, certains scandales sont venus entacher la réputation de la maison journalistique, et Don Cherry est hélas toujours sur les listes de paye, mais une injection massive de fonds dans Radio-Canada, avec une réorganisation visant à élaguer le middle management pour se concentrer sur le travail de terrain et la création de contenus originaux, redonnerait ses lettres de noblesse à l'organisation. En plus, ce refinancement permettrait d'éliminer la présence de publicités, laissant le champ libre aux diffuseurs privés. Cette décision gouvernementale m'amène au point suivant...
Il faut aussi marteler sans cesse cette vérité: l'information n'est pas un luxe, mais plutôt un service essentiel. Sans un milieu journalistique solide, la démocratie devient viciée, et les divers groupes d'intérêts viennent pervertir le fonctionnement de la société, souvent à l'avantage du plus fort ou du plus riche. Pourquoi devrait-on s'attendre à ce que les médias dégagent constamment des profits mirobolants? Ne pourrait-on pas accepter un certain niveau de pertes? S'attend-on, par exemple, à ce que les musées ou les autres organismes culturels gouvernementaux n'aient soudainement plus besoin des fonds publics?
Si l'on veut être prudent avec "l'argent des payeurs de taxes" (*gros soupir*), pourquoi ne pas créer un fonds permettant de concevoir des modèles d'affaires adaptés à la réalité du 21e siècle? Personne n'a intérêt à ce que les fermetures et les mises à pied se multiplient.
Il faudrait adopter une solution hybride: reprendre certains aspects du rapport Payette sur l'avenir du journalisme, y compris l'attribution d'un statut de "journaliste officiel" et l'adoption de normes fixes pour la rémunération des piges, histoire d'ordonner un peu ce qui passe parfois pour une foire d'empoigne où les patrons de presse ont le gros bout du bâton.
Du même souffle, il faudrait redonner des dents au Conseil de presse qui, à l'heure actuelle, joue le rôle du vieillard assis sur son porche et gesticulant alors que les jeunes jouent dans la rue. Tous les médias "officiels" devraient avoir l'obligation de s'enregistrer auprès du Conseil de presse, et donc être soumis à ses décisions. Point final.
Quant à la FPJQ, une prise en main s'impose également. Contrairement à l'AJIQ, qui n'a souvent pas les moyens de ses ambitions, la fédération n'a plutôt pas les ambitions de ses moyens. Phrase creuse? Peut-être, mais en tant que principales organisations journalistiques de la province, on sent une absence de désir de progresser fermement vers une société médiatique où les perspectives d'emploi sont plus importantes, l'éthique et les bonnes pratiques sont mieux encouragées, et où les jeunes (hé oui, encore eux) n'ont pas l'impression de devoir attendre que les vieux meurent avant d'entamer véritablement leur carrière dans le milieu.
Après tout, pour en revenir à Bugingo, les conséquences les plus importantes sont venues de ses employeurs, et non pas de la FPJQ. L'ex-chroniqueur international n'a eu qu'à rendre sa carte de presse de la fédération pour que celle-ci cesse son enquête, coupant court à une réflexion pourtant ô combien nécessaire. Faudra-t-il attendre un autre événement du genre pour que le milieu se réveille?
Voilà donc quelques solutions. Irréalistes? Sans doute. Mais sans doute particulièrement rafraîchissantes au sein d'un domaine qui en a bien besoin.
Allez en paix. Et vous pouvez bien manger les bagels de votre choix. Même si je risque de vous juger. Un peu.
Ce qu'il faut garder en tête, toutefois, c'est que ces solutions ne tiendront pas nécessairement compte des contraintes financières ou politiques des acteurs concernés, et n'auront cure de l'inertie actuelle des joueurs du milieu. En gros, vous l'aurez compris, c'est mon blogue, je fais un peu ce que je veux, et si vous n'êtes pas d'accord, je vous invite justement à entamer une discussion éclairante et intéressante dans les commentaires. Ça fera au moins changement du fait de prêcher dans le désert.
Vous êtes prêts? On part.
- Faire éclater les grands empires
L'asphyxie nous guette: voilà pourquoi ces empires devraient être démantelés. À l'image même du député ayant suggéré que Pierre Karl Péladeau vende Québecor pour conserver Vidéotron alors qu'il est chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, le mélange entre médias et moyens de diffusion a entraîné la stratification de l'espace médiatique au Québec, et même dans l'ensemble du Canada. Allez-vous franchement faire la promotion de publications concurrentes à vos abonnés de votre division des télécommunications? Bien sûr que non: vous ferez comme Rogers, et vos vanterez vos magazines et offrant des rabais aux gens qui vous paient pour un service télé, cellulaire ou Internet. Personne n'a oublié les nombreuses Unes des JdeM et JdeQ sur Le Banquier ou La Voix. Le jupon dépasse, et cela en devient grossier.
Favorisons donc l'émergence de nouveaux joueurs en empêchant la naissance de ces monstres et en déconstruisant ceux qui existent déjà. De façon générale, ceux qui possèdent les moyens de distribution ne devraient pas superviser le contenu qui y circule.
- Refinancer Radio-Canada (ou ICI Radio-Canada Musique Première Espace Télé)
Par ailleurs, la SRC est obligée par la loi d'offrir du contenu à l'ensemble des Canadiens, ce qui signifie, normalement, des moyens importants. Ces moyens qui, malheureusement, tendent à se réduire comme peau de chagrin depuis bientôt une vingtaine d'années. On coupe dans les budgets de fonctionnement, on met à la porte quantité de "jeunes" journalistes (parfois de vrais jeunes, mais aussi des journalistes plus âgés coincés dans des postes surnuméraires). Il faudrait que le gouvernement fédéral se rende compte que Radio-Canada est non seulement un exemple d'efficacité et d'honnêteté journalistique, mais surtout une vitrine exceptionnelle à l'étranger. Encore aujourd'hui, malgré les années de vaches maigres, la SRC/CBC est considérée comme l'un des grands médias de ce monde, avec le sérieux et le professionnalisme que cela suppose.
Bien sûr, certains scandales sont venus entacher la réputation de la maison journalistique, et Don Cherry est hélas toujours sur les listes de paye, mais une injection massive de fonds dans Radio-Canada, avec une réorganisation visant à élaguer le middle management pour se concentrer sur le travail de terrain et la création de contenus originaux, redonnerait ses lettres de noblesse à l'organisation. En plus, ce refinancement permettrait d'éliminer la présence de publicités, laissant le champ libre aux diffuseurs privés. Cette décision gouvernementale m'amène au point suivant...
- Protéger la presse avec un fonds spécial
Il faut aussi marteler sans cesse cette vérité: l'information n'est pas un luxe, mais plutôt un service essentiel. Sans un milieu journalistique solide, la démocratie devient viciée, et les divers groupes d'intérêts viennent pervertir le fonctionnement de la société, souvent à l'avantage du plus fort ou du plus riche. Pourquoi devrait-on s'attendre à ce que les médias dégagent constamment des profits mirobolants? Ne pourrait-on pas accepter un certain niveau de pertes? S'attend-on, par exemple, à ce que les musées ou les autres organismes culturels gouvernementaux n'aient soudainement plus besoin des fonds publics?
Si l'on veut être prudent avec "l'argent des payeurs de taxes" (*gros soupir*), pourquoi ne pas créer un fonds permettant de concevoir des modèles d'affaires adaptés à la réalité du 21e siècle? Personne n'a intérêt à ce que les fermetures et les mises à pied se multiplient.
- Renforcer les organismes journalistiques
Il faudrait adopter une solution hybride: reprendre certains aspects du rapport Payette sur l'avenir du journalisme, y compris l'attribution d'un statut de "journaliste officiel" et l'adoption de normes fixes pour la rémunération des piges, histoire d'ordonner un peu ce qui passe parfois pour une foire d'empoigne où les patrons de presse ont le gros bout du bâton.
Du même souffle, il faudrait redonner des dents au Conseil de presse qui, à l'heure actuelle, joue le rôle du vieillard assis sur son porche et gesticulant alors que les jeunes jouent dans la rue. Tous les médias "officiels" devraient avoir l'obligation de s'enregistrer auprès du Conseil de presse, et donc être soumis à ses décisions. Point final.
Quant à la FPJQ, une prise en main s'impose également. Contrairement à l'AJIQ, qui n'a souvent pas les moyens de ses ambitions, la fédération n'a plutôt pas les ambitions de ses moyens. Phrase creuse? Peut-être, mais en tant que principales organisations journalistiques de la province, on sent une absence de désir de progresser fermement vers une société médiatique où les perspectives d'emploi sont plus importantes, l'éthique et les bonnes pratiques sont mieux encouragées, et où les jeunes (hé oui, encore eux) n'ont pas l'impression de devoir attendre que les vieux meurent avant d'entamer véritablement leur carrière dans le milieu.
Après tout, pour en revenir à Bugingo, les conséquences les plus importantes sont venues de ses employeurs, et non pas de la FPJQ. L'ex-chroniqueur international n'a eu qu'à rendre sa carte de presse de la fédération pour que celle-ci cesse son enquête, coupant court à une réflexion pourtant ô combien nécessaire. Faudra-t-il attendre un autre événement du genre pour que le milieu se réveille?
Voilà donc quelques solutions. Irréalistes? Sans doute. Mais sans doute particulièrement rafraîchissantes au sein d'un domaine qui en a bien besoin.
Allez en paix. Et vous pouvez bien manger les bagels de votre choix. Même si je risque de vous juger. Un peu.
Commentaires
Publier un commentaire