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Rire, mais rire égal?

L'intention avouée du conglomérat médiatique Vice de créer une émission de télévision quotidienne s'appuyant sur les fondations jetées par le Daily Show, aux États-Unis, pourrait quelque peu bouleverser le paysage médiatique québécois, voire faire de la concurrence à un Infoman bien établi ici.



Avec La soirée est encore jeune, Le Navet, L'Axe du Mad, La Pravda et bien entendu Infoman, les Québécois sont assez bien servis en matière de satire et d'informations humoristiques. Chacun d'entre eux offre une vision spécifique de l'actualité et des événements importants, et si l'on peut certainement applaudir à l'idée d'obtenir une dose quotidienne d'hilarité télévisuelle, plutôt que de devoir attendre chaque jeudi pour recevoir une ration d'Infoman, force est d'admettre que le principe d'objectivité journalistique en prend pour son rhume.

Où sont, en effet, les émissions et les médias humoristiques affichant une tendance plus à droite? Certes, Infoman et les autres ne se privent pas de taper sur le clou des sociaux-démocrates, et l'aspirant-chef du Parti québécois Pierre Karl Péladeau continue, par exemple, de faire les frais des animateurs, chroniqueurs et autres journalistes, mais le champ médiatique plus à droite est désespérément vide de toute tentative humoristique.

Certains pourront évidemment affirmer que les médias plus à droite sont fondamentalement humoristiques de par leur nature - il suffit d'écouter RadioX pour s'en convaincre. Mais le problème avec ces médias est que leurs artisans sont on ne peut plus sérieux dans leurs démarches. Ou tout cela n'était qu'un long gag au deuxième degré, et nous sommes tous les dindons de la farce. 

La situation est sensiblement la même au pays de l'Oncle Sam. En plus du défunt Colbert Report et du Daily Show, les émissions à saveur humoristique pullulent sur les ondes. On ne nommera que Last Week Tonight, animée par John Oliver sur les ondes de HBO, pour constater à quel point la relève est solide dans le domaine de l'information humoristique et de la satire. Par contre, là encore, point d'imitateurs classés plus à droite. 

Et pourtant, dieu sait que l'on aurait besoin de ce genre d'émissions. Après tout, le centre et la droite n'ont pas le monopole du ridicule, loin de là, et il pourrait être rafraîchissant d'obtenir un point de vue un peu différent sur les événements de tous les jours. 

L'une des explications possibles serait que malgré leur clair biais en faveur de la sociale démocratie, les médias satiriques soient engagés dans un combat pour la dénonciation de la stupidité, et que, malheureusement, celle-ci est universelle. Le jupon dépasse un peu, bien entendu, et je fais partie, sans doute, de cette Clique du Plateau gauchiste et environnementaliste qui prend un malin plaisir à regarder Jean-René Dufort, ou à lire Le Navet et La Pravda. Mais tant et aussi longtemps que le Québec aura son maire Jean Tremblay qui appelle à la guerre sainte contre Greenpeace et les intellectuels, ou tant et aussi longtemps que PKP invoquera la lutte entre Gesca et Québecor dans le cadre de sa campagne à la chefferie, les humoristes de toutes les affiliations politiques auront encore beaucoup de travail sur la planche.

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