La radio se meurt. Drôle de façon d'entamer un billet de blogue, non? Disons en fait que la radio vivote, mais que nous sommes loin de son lustre et de son importance d'antan, surtout lorsqu'il est question de journalisme radio. Pour la deuxième partie de notre série Hugo sauve le monde depuis son appartement en rez-de-jardin, voici quelques suggestions pour transformer l'univers radiophonique et mieux assurer sa survie.
Tout d'abord, une précision: je n'écoute plus la radio, du moins plus pour y trouver un divertissement musical. Si je me rappelle encore m'être posté à plusieurs reprises devant la chaîne stéréo familiale, le doigt sur la fonction d'enregistrement du lecteur cassette, dans l'espoir d'attraper l'une de mes pièces préférées de l'époque pour pouvoir la réécouter ensuite à loisir, voilà plusieurs années que je me suis tourné vers le web pour y trouver ces mêmes chansons. Mon radio-réveil ne sert plus qu'à me tirer du lit à des heures indues.
La raison de cet abandon? La multiplication des services musicaux en ligne offrant un choix toujours plus vaste, et à un prix de moins en moins important. Pourquoi devrais-je endurer une programmation éclectique et des publicités criardes pour entendre une chanson en basse qualité alors qu'il suffit d'un tour sur YouTube pour y trouver ce que je cherche? Et si YouTube ne suffit pas, je peux toujours me tourner vers Spotify, Songza, ou encore Bandcamp...
En fait, le seul endroit véritablement propice à l'écoute de la radio est encore la voiture, alors que l'on se trouve habituellement loin d'une connexion Internet. Mais avec un téléphone intelligent et une prise auxiliaire ou une connexion Bluetooth, ce dernier rempart vient de tomber. Pour faire old school, il est même possible de graver ses compilations musicales sur disque.
Quid de l'information, me direz-vous? Je me souviens encore avec émotion du bulletin radio de 8h00, à Radio-Canada, avec son thème musical si particulier et la voix envoûtante de Raymond Archambault; M. Archambault est d'ailleurs l'un des quatre journalistes m'ayant inspiré pour devenir moi-même reporter. Encore aujourd'hui, le bulletin d'information sur la Première Chaîne - ou Ici Radio-Canada Première, pour les tenants du désolant effort de marketing - demeure pour moi un rendez-vous incontournable, un must lorsque je suis en voiture. Le Centre de l'information de la SRC a beau avoir perdu des plumes, les artisans de l'information réussissent encore à sauver les meubles.
Mais qu'en est-il des autres postes? La plupart diffusent un mini-bulletin de deux, trois minutes à toutes les heures, avec des brèves dépêches rapportées par Cogeco sur ses stations, ou encore par La Presse Canadienne, qui dispose toujours d'un service radio. À la PC, d'ailleurs, des changements technologiques ont permis de réduire le nombre de bulletins d'information diffusés en soirée, mettant ainsi fin aux informations fraîches toutes les heures.
Toutes les grandes salles de nouvelles de la belle époque, alors que des postes comme CKAC disposaient de plusieurs journalistes, sont maintenant chose du passé, à quelques exceptions près. On se retrouve donc avec une pléthore de stations de radio offrant toutes une variation de la même formule: une poignée d'animateurs-vedettes, quelques informations ici et là, et une couverture musicale reprenant généralement les chansons populaires sans jamais verser dans le contenu innovateur ou original. Est-ce là le reflet de notre société? Ces stations survivent-elles en réduisant justement leur programmation originale à une fraction de ce qu'elle était, en tablant sur le fait que la majorité de leurs auditeurs se contenteront du strict minimum, d'une trame sonore couleur beige pour passer à travers leur journée ou attendre que la circulation automobile reprenne durant l'heure de pointe?
Podcast et Internet
Afin d'assurer la survie d'une programmation originale et des émissions disposant d'un contenu solide, il est nécessaire, selon moi, de choisir entre deux directions: soit les stations de radio acceptent d'entrer au sein d'un bouquet de chaînes offertes via la radio satellite, soit elles passent directement au web. Le but ultime est, bien entendu, d'économiser en frais de licence, ce qui libérerait des ressources pour produire du contenu plus complet, y compris des bulletins de nouvelles plus étoffés.
En fait, les radios devraient adopter la stratégie employée par plusieurs chaînes de télévision spécialisée. Ces dernières obtiennent en effet souvent d'être intégrées dans des bouquets de postes offerts par les câblodistributeurs, ce qui leur garantit un revenu minimum. En intégrant un service de radio satellitaire, les postes de radio n'auraient plus à se soucier des revenus des annonceurs, ou, du moins, pas autant qu'avec un mode de diffusion traditionnel. De plus, leur public cible ne serait plus limité par les considérations géographiques liées à la puissance d'un émetteur, puisque, soudainement, l'ensemble de la population nord-américaine pourrait être rejoint. Suffit de disposer d'un abonnement.
Il ne faut pas non plus oublier les possibilités offertes par la diffusion en podcast: l'écoute de ces émissions, souvent en différé, donne l'occasion de rejoindre un public plus important. Plusieurs chaînes, dont Radio-Canada et le 98,5 FM, ont d'ailleurs compris l'attrait de cette méthode depuis belle lurette. Rien de plus facile, alors, de partager des émissions entières ou des sections de celles-ci sur le web, via les réseaux sociaux.
Le passage au web donne aussi l'occasion de se spécialiser: on ne compte plus, par exemple, les émissions portant sur les jeux, la science, la culture, etc., et qui évitent le fardeau financier d'une structure de diffusion sur les ondes hertziennes en utilisant plutôt des logiciels de mise en ligne disponibles un peu partout sur Internet. Le programme de montage audio Audacity est gratuit, tout comme le service d'hébergement MixCloud. Suffit de se trouver un bon micro.
Peut-être est-ce là la porte de sortie pour le journalisme radio: rien de plus facile, en effet, de diffuser des émissions spécialisées et du contenu étoffé lorsque l'on élimine l'intermédiaire onéreux qu'est la structure radiophonique classique, tout en disposant d'un bassin d'auditeurs quasi infini. Et rien n'empêche d'obtenir des commandites ou d'offrir des solutions de paiement abordables: si les internautes sont entre autres prêts à verser plus de 13 000 $ US par mois au chroniqueur vidéo Jim Sterling, rien n'empêche de trouver du financement pour une émission portant sur la littérature, ou encore l'actualité internationale.
Tout d'abord, une précision: je n'écoute plus la radio, du moins plus pour y trouver un divertissement musical. Si je me rappelle encore m'être posté à plusieurs reprises devant la chaîne stéréo familiale, le doigt sur la fonction d'enregistrement du lecteur cassette, dans l'espoir d'attraper l'une de mes pièces préférées de l'époque pour pouvoir la réécouter ensuite à loisir, voilà plusieurs années que je me suis tourné vers le web pour y trouver ces mêmes chansons. Mon radio-réveil ne sert plus qu'à me tirer du lit à des heures indues.
La raison de cet abandon? La multiplication des services musicaux en ligne offrant un choix toujours plus vaste, et à un prix de moins en moins important. Pourquoi devrais-je endurer une programmation éclectique et des publicités criardes pour entendre une chanson en basse qualité alors qu'il suffit d'un tour sur YouTube pour y trouver ce que je cherche? Et si YouTube ne suffit pas, je peux toujours me tourner vers Spotify, Songza, ou encore Bandcamp...
En fait, le seul endroit véritablement propice à l'écoute de la radio est encore la voiture, alors que l'on se trouve habituellement loin d'une connexion Internet. Mais avec un téléphone intelligent et une prise auxiliaire ou une connexion Bluetooth, ce dernier rempart vient de tomber. Pour faire old school, il est même possible de graver ses compilations musicales sur disque.
Quid de l'information, me direz-vous? Je me souviens encore avec émotion du bulletin radio de 8h00, à Radio-Canada, avec son thème musical si particulier et la voix envoûtante de Raymond Archambault; M. Archambault est d'ailleurs l'un des quatre journalistes m'ayant inspiré pour devenir moi-même reporter. Encore aujourd'hui, le bulletin d'information sur la Première Chaîne - ou Ici Radio-Canada Première, pour les tenants du désolant effort de marketing - demeure pour moi un rendez-vous incontournable, un must lorsque je suis en voiture. Le Centre de l'information de la SRC a beau avoir perdu des plumes, les artisans de l'information réussissent encore à sauver les meubles.
Mais qu'en est-il des autres postes? La plupart diffusent un mini-bulletin de deux, trois minutes à toutes les heures, avec des brèves dépêches rapportées par Cogeco sur ses stations, ou encore par La Presse Canadienne, qui dispose toujours d'un service radio. À la PC, d'ailleurs, des changements technologiques ont permis de réduire le nombre de bulletins d'information diffusés en soirée, mettant ainsi fin aux informations fraîches toutes les heures.
Toutes les grandes salles de nouvelles de la belle époque, alors que des postes comme CKAC disposaient de plusieurs journalistes, sont maintenant chose du passé, à quelques exceptions près. On se retrouve donc avec une pléthore de stations de radio offrant toutes une variation de la même formule: une poignée d'animateurs-vedettes, quelques informations ici et là, et une couverture musicale reprenant généralement les chansons populaires sans jamais verser dans le contenu innovateur ou original. Est-ce là le reflet de notre société? Ces stations survivent-elles en réduisant justement leur programmation originale à une fraction de ce qu'elle était, en tablant sur le fait que la majorité de leurs auditeurs se contenteront du strict minimum, d'une trame sonore couleur beige pour passer à travers leur journée ou attendre que la circulation automobile reprenne durant l'heure de pointe?
Podcast et Internet
Afin d'assurer la survie d'une programmation originale et des émissions disposant d'un contenu solide, il est nécessaire, selon moi, de choisir entre deux directions: soit les stations de radio acceptent d'entrer au sein d'un bouquet de chaînes offertes via la radio satellite, soit elles passent directement au web. Le but ultime est, bien entendu, d'économiser en frais de licence, ce qui libérerait des ressources pour produire du contenu plus complet, y compris des bulletins de nouvelles plus étoffés.
En fait, les radios devraient adopter la stratégie employée par plusieurs chaînes de télévision spécialisée. Ces dernières obtiennent en effet souvent d'être intégrées dans des bouquets de postes offerts par les câblodistributeurs, ce qui leur garantit un revenu minimum. En intégrant un service de radio satellitaire, les postes de radio n'auraient plus à se soucier des revenus des annonceurs, ou, du moins, pas autant qu'avec un mode de diffusion traditionnel. De plus, leur public cible ne serait plus limité par les considérations géographiques liées à la puissance d'un émetteur, puisque, soudainement, l'ensemble de la population nord-américaine pourrait être rejoint. Suffit de disposer d'un abonnement.
Il ne faut pas non plus oublier les possibilités offertes par la diffusion en podcast: l'écoute de ces émissions, souvent en différé, donne l'occasion de rejoindre un public plus important. Plusieurs chaînes, dont Radio-Canada et le 98,5 FM, ont d'ailleurs compris l'attrait de cette méthode depuis belle lurette. Rien de plus facile, alors, de partager des émissions entières ou des sections de celles-ci sur le web, via les réseaux sociaux.
Le passage au web donne aussi l'occasion de se spécialiser: on ne compte plus, par exemple, les émissions portant sur les jeux, la science, la culture, etc., et qui évitent le fardeau financier d'une structure de diffusion sur les ondes hertziennes en utilisant plutôt des logiciels de mise en ligne disponibles un peu partout sur Internet. Le programme de montage audio Audacity est gratuit, tout comme le service d'hébergement MixCloud. Suffit de se trouver un bon micro.
Peut-être est-ce là la porte de sortie pour le journalisme radio: rien de plus facile, en effet, de diffuser des émissions spécialisées et du contenu étoffé lorsque l'on élimine l'intermédiaire onéreux qu'est la structure radiophonique classique, tout en disposant d'un bassin d'auditeurs quasi infini. Et rien n'empêche d'obtenir des commandites ou d'offrir des solutions de paiement abordables: si les internautes sont entre autres prêts à verser plus de 13 000 $ US par mois au chroniqueur vidéo Jim Sterling, rien n'empêche de trouver du financement pour une émission portant sur la littérature, ou encore l'actualité internationale.
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