Il fallait s'y attendre: La Presse a annoncé jeudi la suppression de près de 160 postes, une semaine après avoir signé l'arrêt de mort de son édition papier à partir de janvier 2016. Et c'est une bonne nouvelle.
Bonne nouvelle, en effet, parce qu'il était plus que temps que les gens de chez Gesca se fassent pousser une paire de couilles et aient enfin le cran d'agir en tant que bons dirigeants d'entreprise. Ce coup de balai dans la racaille, dans les postes temporaires et, dans certains cas, dans les rangs des gens les plus récemment embauchés - et sans doute les plus jeunes en général - se faisait diablement attendre depuis trop longtemps.
En tant que bons capitalistes, en tant que gens qui aiment que la société fonctionne bien et que tout tourne rondement, vous ne viendrez pas me faire croire que c'était une bonne idée de garder le papier, non? Ça coûte cher, faut transporter tout ça, les gens dans l'impression ont souvent beaucoup d'ancienneté, avec les salaires qui vont avec...
Même chose pour la salle de nouvelles: qui a eu l'idée d'embaucher tant de gens que ça? Votre version iPad prend du temps à mettre sur pied et vous avez besoin de personnel? Flushez-moi ça au plus sacrant une fois que c'est fini, franchement!
Mais, j'y pense, comment cela se fait-il que les dirigeants de Gesca, qui sont d'habitude sans reproches, ont-ils pu en arriver là? Comment cela se fait-il que la division de Power Corporation regroupant entre autres les activités de Gesca, et donc de La Presse, perd-elle environ 2,5 millions de dollars par semaine? Y a-t-il de l'acharnement? S'efforce-t-on de maintenir le journal à flot pour éviter que le supposé "organe" de Power Corporation disparaisse corps et biens? Se pourrait-il que le modèle du tout gratuit de La Presse+, un journal numérique basé sur les simples revenus publicitaires plutôt que les abonnements et autres frais exigeables, ne fonctionne tout simplement pas?
Dans ce cas, un bon gestionnaire ferait ce qui doit être fait, c'est-à-dire qu'il trouverait des moyens de faire sonner le tiroir-caisse. À quoi bon avoir dépensé plus de 40 millions $ pour mettre au point un produit si le produit ne fournit pas les résultats escomptés? Pourquoi ne pas vendre La Presse+ au prix d'un dollar par jour? Un dollar par jour, ce n'est pas beaucoup pour un particulier, mais comme La Presse se vantait d'avoir 460 000 consultations par semaine, cela permettrait à Gesca d'empocher un peu plus de 2,7 millions de dollars par semaine. De quoi combler le manque à gagner assez rapidement, merci.
Pourquoi ne pas non plus offrir du contenu spécialisé réservé aux gens déboursant une certaine somme? Les gens gérant des comptes Patreon le font. Les médias imposant des murs payants le font. Il y a seulement La Presse qui s'obstine à demeurer dans le chemin bourré de lézardes du tout gratuit. En fait, ce n'est pas un chemin: l'autre moitié a été emporté par les flots déchaînés il y a déjà plusieurs années. Il ne reste plus qu'un trou à l'odeur douce-amère de décomposition.
En attendant, des imprimeurs et des distributeurs perdent leur boulot, bien sûr, mais aussi 43 journalistes, dont quantité de jeunes. Pendant qu'on s'entête, peut-être par simple paresse, peut-être par idéologie, à foncer tête baissée dans le néant, des gens géniaux comme Annabelle Blais, qui était à La Presse depuis plusieurs années, souligneront leur dernière journée de travail le 31 décembre, entre les flûtes en carton et la dinde. Gageons que le décompte du Bye-Bye sera dur à avaler, cette année.
***
Dans un billet de blogue publié aujourd'hui, la chroniqueuse du Journal de Montréal Marie-Claude Ducas estime qu'il est triste que des gens perdent leur emploi à La Presse, mais que l'époque où toutes les jobs étaient garanties à vie est bel et bien révolue. De la part d'une employée ayant sans doute une permanence oeuvrant pour un quotidien où a eu lieu l'un des pires lock-out des dernières années au Québec, et dont l'ancien grand patron a vendu la quasi-totalité des propriétés médiatiques, je trouve la pilule un peu difficile à avaler.
Bonne nouvelle, en effet, parce qu'il était plus que temps que les gens de chez Gesca se fassent pousser une paire de couilles et aient enfin le cran d'agir en tant que bons dirigeants d'entreprise. Ce coup de balai dans la racaille, dans les postes temporaires et, dans certains cas, dans les rangs des gens les plus récemment embauchés - et sans doute les plus jeunes en général - se faisait diablement attendre depuis trop longtemps.
En tant que bons capitalistes, en tant que gens qui aiment que la société fonctionne bien et que tout tourne rondement, vous ne viendrez pas me faire croire que c'était une bonne idée de garder le papier, non? Ça coûte cher, faut transporter tout ça, les gens dans l'impression ont souvent beaucoup d'ancienneté, avec les salaires qui vont avec...
Même chose pour la salle de nouvelles: qui a eu l'idée d'embaucher tant de gens que ça? Votre version iPad prend du temps à mettre sur pied et vous avez besoin de personnel? Flushez-moi ça au plus sacrant une fois que c'est fini, franchement!
Mais, j'y pense, comment cela se fait-il que les dirigeants de Gesca, qui sont d'habitude sans reproches, ont-ils pu en arriver là? Comment cela se fait-il que la division de Power Corporation regroupant entre autres les activités de Gesca, et donc de La Presse, perd-elle environ 2,5 millions de dollars par semaine? Y a-t-il de l'acharnement? S'efforce-t-on de maintenir le journal à flot pour éviter que le supposé "organe" de Power Corporation disparaisse corps et biens? Se pourrait-il que le modèle du tout gratuit de La Presse+, un journal numérique basé sur les simples revenus publicitaires plutôt que les abonnements et autres frais exigeables, ne fonctionne tout simplement pas?
Dans ce cas, un bon gestionnaire ferait ce qui doit être fait, c'est-à-dire qu'il trouverait des moyens de faire sonner le tiroir-caisse. À quoi bon avoir dépensé plus de 40 millions $ pour mettre au point un produit si le produit ne fournit pas les résultats escomptés? Pourquoi ne pas vendre La Presse+ au prix d'un dollar par jour? Un dollar par jour, ce n'est pas beaucoup pour un particulier, mais comme La Presse se vantait d'avoir 460 000 consultations par semaine, cela permettrait à Gesca d'empocher un peu plus de 2,7 millions de dollars par semaine. De quoi combler le manque à gagner assez rapidement, merci.
Pourquoi ne pas non plus offrir du contenu spécialisé réservé aux gens déboursant une certaine somme? Les gens gérant des comptes Patreon le font. Les médias imposant des murs payants le font. Il y a seulement La Presse qui s'obstine à demeurer dans le chemin bourré de lézardes du tout gratuit. En fait, ce n'est pas un chemin: l'autre moitié a été emporté par les flots déchaînés il y a déjà plusieurs années. Il ne reste plus qu'un trou à l'odeur douce-amère de décomposition.
En attendant, des imprimeurs et des distributeurs perdent leur boulot, bien sûr, mais aussi 43 journalistes, dont quantité de jeunes. Pendant qu'on s'entête, peut-être par simple paresse, peut-être par idéologie, à foncer tête baissée dans le néant, des gens géniaux comme Annabelle Blais, qui était à La Presse depuis plusieurs années, souligneront leur dernière journée de travail le 31 décembre, entre les flûtes en carton et la dinde. Gageons que le décompte du Bye-Bye sera dur à avaler, cette année.
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Dans un billet de blogue publié aujourd'hui, la chroniqueuse du Journal de Montréal Marie-Claude Ducas estime qu'il est triste que des gens perdent leur emploi à La Presse, mais que l'époque où toutes les jobs étaient garanties à vie est bel et bien révolue. De la part d'une employée ayant sans doute une permanence oeuvrant pour un quotidien où a eu lieu l'un des pires lock-out des dernières années au Québec, et dont l'ancien grand patron a vendu la quasi-totalité des propriétés médiatiques, je trouve la pilule un peu difficile à avaler.
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