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Lueur d'espoir chez Capitales Médias

Le nouvel édifice journalistique de Capitales Médias, dont le mortier est encore en train de sécher, ne devrait pas s'effondrer de sitôt. Le Devoir rapportait effectivement, mardi, que l'administration de ce tout jeune groupe de presse avait conclu une entente de principe avec les 17 groupes de syndiqués regroupant les six journaux acquis auprès de Gesca en mars.




"L’entente de principe, qui prévoit un programme de départs volontaires, doit maintenant être soumise au vote des membres", écrit Karl Rettino-Parazelli dans le quotidien de la rue de Bleury. Car programme de départs volontaires il y aura: au total une quarantaine de personnes devraient quitter leur poste d'ici la fin de l'année. Pas de surprise de ce côté-là: l'heure est aux compressions dans la quasi-totalité des médias, et à la cure minceur des structures administratives. Faire plus avec moins, toujours.

Si les sources du Devoir ne révèlent pas grand-chose sur les détails de l'entente, à l'exception du programme de départs volontaires, personne ne semble déchirer sa chemise sur la place publique. Bien entendu, les syndiqués pourraient n'être favorables à l'entente que parce qu'ils ont un pistolet sur la tempe, mais j'ose croire que si Martin Cauchon est devenu patron d'un groupe de presse, c'est parce qu'il désire occuper un rôle qui ne sera pas celui de remplaçant de la Grande Faucheuse. Il faut donc penser que Capitales Médias entend bien rester dans le paysage médiatique pour les prochaines années. Le temps, sans doute, de se définir clairement comme entité journalistique indépendante.

Célébrons donc le fait que les employés de Capitales Médias aient réussi, dans l'ensemble, à sauver les meubles. Il y aura certainement d'autres cycles de compressions dans les médias, mais moins il y aura de gens à la recherche d'un emploi, mieux ce sera.

Cependant, M. Cauchon doit faire la lumière sur les conditions financières liées à l'achat des six journaux "régionaux" auprès de Gesca. Combien a-t-il payé, exactement? Certaines rumeurs parlent d'un prix symbolique d'un dollar, ce qui serait franchement navrant.

Par ailleurs, le texte du Devoir précise que Capitales Médias continuera d'échanger des textes avec La Presse. "Impossible, écrit-on, de ne pas être un joueur sérieux sans antenne à Montréal." Si tel est le cas, pourquoi avoir divorcé de la grande famille de Power Corporation? Est-ce simplement une manipulation comptable? Pourtant, les intentions de M. Cauchon ne semblent pas de mettre la hache dans la structure journalistique régionale. Quoi donc, alors?

Aussi, la nouvelle de l'accord de principe est sortie dans Le Devoir, et non pas dans le groupe Capitales Médias, qui compte pourtant non pas un, mais six quotidiens professionnels et quantité de journalistes tout aussi assidus et désireux de produire une information de qualité. Un cas étrange.

Au final, croisons les doigts pour que cette nouvelle convention collective soit au bénéfice de tous. Des journalistes disposant de bonnes conditions de travail sont habituellement des journalistes heureux, et qui sont davantage portés à consacrer du temps et de l'énergie à leur employeur, après tout!

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